Je pratique la sculpture comme un journal que je tiens. Les outils ne sont pas le stylo et le papier, mais la terre que je modèle. Je traduis des instants que j'ai vécu, les émotions que j'en ai eu.
La terre est un matériau brut, c'est-à-dire essentiel, primaire. C'est celui qui me convient pour le modelage, ainsi je suis en contact direct avec lui, sans intermédiaire, sans outil.
Mes sculptures présentent un modelé brut, violent, où l'on peut voir des traces de doigts à la surface. Elles ont également des déformations qui les rendent plus vivantes. Elles sont très expressives, je ne fais pas de l"'hyperréalisme".
Cette façon brute de faire est due à une très grande part d'intuition, car je suis impulsif : il y a des déformations, mais des détails minutieux et justes apparaissent également. Par dette facture violente, la sculpture est plus vraie, plus juste car elle est spontanée, intuitive et par là, non ennuyeuse. Pour respecter sa forme, je ne fais pas intervenir la couleur par des ajouts (émaux, oxydes ...). Elle doit être naturelle : la couleur est due à la seule flamme de la cuisson, les parties exposées directement au brûleur étant plus brunes.
Ce qui m'importe avant tout, c'est l'action, le geste, le volume en lui-même, la forme mais aussi l'imagination, l'intuition, la spontanéité, sans masque et sans superflu.
" Le modelage est indispensable aux sculpteurs, dont il est en quelque sorte, le dessin, et sans lequel ils ne peuvent rien mener à bien "
Vasari